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Parsonniers. Partie 6 sur 6.
Pons, Valentin, Pierre, Thomas, Johan des Astiers.Ils ont traversé les siècles. Jusqu'à nous. Ni nobles ni bourgeois. Roturiers, paysans. Leur communauté familiale solidement implantée en ce lieu qui allait conserver leur nom . Une des dernières communautés familiales encore soudées derrière un maître.On disait « les Astiers » en causant de ces lieux, en patois d'Occitan, parce que, nus pieds ou en sabots, c'est là qu'ils avaient planté leur frèrèche. Les lieux qui ont conservé le nom de la communauté représentée par ces cinq hommes.Leurs cinq noms sont inscrits dans le registre des lièves et tailles seigneuriales de la baronnie d'Alegre pour l'année 1381, aux Astiers, paroisse d'Alegre.
Source : AN. T 225-1. Registre papier, manuscrit de 1381. La taille était levée cette année-là pour financer la part d'impôts pour la défense armée contre les "routes" en Velay, Vivarais et Gévaudan, par les Etats d'Auvergne.Bibliographie pour mieux comprendre ces communautés.o Dictionnaire de l'ancienne langue française (...). Frédéric Godefroy. Edition de Paris. 1881, 1902.
o Fermiers à communauté taisible du Nivernais (...). Victor de Cheverry. Société d'économie sociale, t. V. Paris. 1885.
o De la fonction sociale des communautés taisibles de l'ancien droit. Paul Bastid. Tours. Imprimerie Paul Salmon. 1916.
o Les parsonniers vellaves. Albert Boudon-Lashermes. Bulletin philologique et historique. Réédité par l'association "Sur les pas d'Albert Boudon-Lashermes". 3 volumes.
o Au même pot et au même feu (...). Henriette Dussourd. Ed. Maisonneuve et Larose. 1979.
o Les parsonniers. Henri Bachelin. Ed. Guenegaud. 1981.
o Les Bons Dieux. Jean Anglade. Julliard. 1984.
o Les étoiles de Compostelle. Henri Vincenot. Ed. Denoël. 1987.
o Heredes, héritiers ou parsonniers ? Pierre Charbonnier. Bibliothèque de l'Ecole des Chartes. Vol. 148. N° 148-1. 1990.
o Robert Merle. Fortune de France. 1977-2003.
o Valeurs et pouvoir. Jérôme-Luther Viret. 2004.
o La vie quotidienne d'une communauté familiale agricole (...). Bertrand et Monique Darnault. Alice Lyner Editions. 2011.
o Le Maitre du pain. Lucy Achalme. Ed. Marivole. 2013.

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Parsonniers. Partie 5 sur 6.
Un exemple de communauté de pariers domaniaux, la fréresche des Astiers.Astier est un nom de famille répandu dans le quart sud-est de la France.
Selon les uns il serait d'origine germanique, et désigna un homme qui fabriquait des lances et autres armes pourvues d'un long manche, dites armes d'ast, ou en était armé et avait reçu ce surnom à connotation guerrière.
Plus probablement, Astier était un prénom issu du latin "aster" qui signifie étoile. Il avait été popularisé par l'ermite Astérius, fils d'une famille romaine, qui vécut dans une grotte du Périgord au VIe siècle, et qui a donné son nom à la petite ville de Saint-Astier dont les habitants se nomment les Astériens.
Asterius est devenu le prénom Astier, puis un nom comme cela est fréquent.Au sein de cette fréresche vécut probablement un homme prénommé ou surnommé Astier (prénom). Son prénom est devenu le nom de la frérèche, celui du domaine.
Quand les hommes de cette époque parlaient d'eux, ils disaient « ceux d'Astier », puis « les Astier ».
Enfin le prénom de cet ancien parsonnier est devenu le nom du domaine, celui du lieu, et, en référence à leur fréresche, on a continué à parler « des Astiers ».Une fréresche est une communauté formée par des frères, fils, cousins, mais aussi d'autres têtes qui se sont jointes à eux.
C'est un groupe familial élargi, couvrant plusieurs générations et pouvant comprendre des membres hors famille. Il est constitué par accord tacite, pour exploiter en commun un domaine agricole.Au Moyen Âge la fréresche permettait d'accueillir un ami dans la structure familiale et permettait d'hériter.
« C'est sous ce nom, maintenant, que, selon la coutume, on connaissait les capitaines : appellation des plus émouvantes, puisqu'elle réunissait les deux frères sous un même vocable, comme si désormais ils n'avaient fait qu'un » : Robert Merle.
« Les fréresches languedociennes étaient des sociétés purement tacites à l'origine, obtenues par la prolongation de la cohabitation de la fratrie après la mort du père » : Jérôme-Luther Viret.
Pons, Valentin, Pierre, Thomas et Johan. Ils furent cinq têtes de la communauté des Astiers, sur les pentes en amphithéâtre du flanc sud-ouest du volcan de Baury. Ils avaient défriché les terres qui remontent, au-delà de la Borne, de chaque côté de la Combe d'Azou et du coué d'tsabra, le cou de chèvre.Pons, Valentin, Pierre, Thomas et Johan vivaient aux Astiers autour de 1381, en communauté appelée frèresche car ils appartenaient tous à la même famille, pères, frères, cousins, avec les mères, soeurs, cousines, et leurs enfants.Aux Archives du département de la Haute-Loire un document leur redonne vie...

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Parsonniers. 4 sur 6.
Après les généralités, les règles et la composition des parsonneries, voici d'autres exemples c'établissements de telles communautés en Auvergne, en Velay et autour d'Allègre.Souvent ces pariers communaux, parsonniers, ont laissé leur nom aux écarts que eux ou leurs ancêtres avaient défrichés, essartés, mis en culture. Domaines, parfois devenus hameaux, souvent à quelque distance (écart) d'un village, conservent le nom de ces hommes et femmes qui ont été d'authentiques pionniers à leur époque.Bourgogne, Morvan, Berry, Nièvre, Thiernois, Auvergne et Velay, ont été les principales régions où se sont installées ces parsonneries, où se sont créés ces écarts.Certains domaines, et pas les plus petits, sont "morts", d'autres se sont pérennisés. Les Garniers, non loin de Lissac en sont un bel exemple.A Allègre, combien se sont demandés d'où vient le nom des "Valentins" dont il ne reste qu'une petite rue le long de la maison de retraite ?Le document pdf. ci-contre vous le dit...


Parsonniers. Partie 3 sur 6.
En général le maître, chef de la communauté, est élu. Il peut être désigné par tacite acceptation. On choisit le plus âgé ou le plus expérimenté.
Ce rôle ne lui procure aucun revenu ni avantage.
Le maître conduit et défend les intérêts de la communauté jusqu'à sa mort.
Il signe ou paraphe les actes, baux, ventes, et même les contrats de mariage.
Dans les actes sont parfois nommés les autres hommes, chefs de famille : les têtes.
Outre le maître, la communauté se donne une maîtresse.
De façon à éviter la convergence d'intérêts,
la maîtresse n'est jamais l'épouse du maître. Elle est choisie par les femmes, parmi les femmes.
Elle commande les travaux féminins dont les repas, la cuisson du pain, la fabrication du beurre et des fromages, fait l'éducation des enfants, soigne les personnes âgées et les malades.
Les parsonniers sont les personnes qui prennent part à la communauté. Ils partagent à égalité les dépenses et les revenus communs.
Ils disposent de quelques biens personnels à l'intérieur de la communauté.
Les biens immobiliers du domaine sont conservés en indivision.
La terre n'est commune qu'en ce qui concerne son exploitation, et non pas au regard de son appropriation, qui reste individuelle.


Parsonniers. Partie 2 sur 6.
Une communauté taisible est une cellule socio-économique ou familiale.
Elle se forme autour d'un chef qui organise l'exploitation collective d'un bien commun, en indivision.
Une parsonnerie englobe plusieurs couples apparentés ou non, avec leurs ascendants et descendants.
Chaque membre de la communauté a une part du patrimoine commun. Ils sont les pariers communaux ou parsonniers.Ces communautés étaient des groupements dont les membres solidaires étaient régis par des règles communes non écrites, et, de ce fait, dites taisibles.
Elles étaient liées par la parole donnée, simple logique dans une société rurale où peu de gens savaient lire ou écrire.Elles étaient appelées fréresches si elles étaient formées de familles et fratries, ce qui était courant.
Par la succession des générations, les frérèches comptaient les parents, oncles et tantes, les enfants, cousins, neveux, etc.La dernière de ces communautés a été juridiquement dissoute en 1912.
